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jeudi 4 avril 2013

De la posture d'un enseignant spécialisé.

TAIS TOI !



 J'ai pris une claque avec l'analyse de la séquence utilisée pour le mémoire. J'étais (je suis peut-être encore) trop dirigiste. Et l'animatrice du groupe estimait qu'il y avait là un problème de posture.

Ce n'est pas la première fois que ce terme est prononcé. Il est d’autant plus difficile à appréhender/comprendre qu'il fait appel à ce qui est interne à soi.

Repenser au pari de l'éducabilité.


Relire Meirieu parfois ça aide. Il revenait sur ce terme en 2008, et évoquait une diatribe d'une groupe d'élèves.On trouve cette phrase, lourde de sens pour notre système : 

"Il y a des professeurs qui font médiocrement leur travail, ce qui leur permet de donner des leçons particulières au prix fort et de tenter de récupérer des élèves qu'ils ont-même contribué à exclure."

C'est pas beau ça ? On a même inventé le service-après vente dis donc...

Ce qui n'est pas exactement mon cas, vu le public d'élèves avec qui je travaille. Mais enfin le fond reste. L’exigence (d'aucuns diraient la foi) comme postulat et valeur de base. Mais il me semblait justement que je portais cette valeur, c'est d'ailleurs la raison qui a motivé ma demande de premier poste directement en ASH.

Les valeurs sont bien belles, mais elles peuvent rester dans le registre de l'incantation. Et il me semble, suite à la lecture de ce papier avoir compris une chose; le besoin de lâcher-prise. Non pas dans l'indifférence ou une sorte de désintéressement, mais dans le fait de reconnaître que nous je dois accepter de ne pas pouvoir maîtriser toutes les situations.

Car maîtriser la situation c'est ne pas laisser de plage de liberté aux élèves pour qu'ils puissent s'exprimer, repousser eux-mêmes leur ZPD. C'est très rassurant pour moi certes, mais ce n'est pas productif. Et ce principe d'éducabilité associé à une volonté de ce type conduit au dressage.


Très bien oui mais comment ?


Et bien j'ai commencé une discussion avec un collègue qui rencontre a peu près les mêmes problèmes. Il m'a rapporté qu'une autre formatrice lui avait donné ce conseil: TAIS TOI ! Ce "tais toi" là signifie qu'il faut absolument se mettre en retrait, c'est bien pour ça que l'élève peut prendre sa place d'acteur. Mais ce "tais-toi" là ne suffit pas encore. Même si j'entrevois un fil de solution, en différant dans le temps. Différer la réponse, différer la nouvelle action qui permettra aux élèves de comprendre.

Un exemple: M. vient me voir à chaque fin de demi-journée de travail. Sa question est invariablement la même : " On a bien travaillé maître ? Tu es fier de nous ?"

Et ma réponse est (était) invariablement la même "Oui M. vous avez bien travaillé, tu peux être fière de toi."

Aujourd'hui je me vois lui répondre plutôt ainsi; "Et toi M. qu'est-ce que tu en penses, vous avez bien travaillé ?" Ce à quoi elle devrait vraisemblablement répondre "Euh.. Je ne sais pas maître." Et donc à ce moment il me faut différer "Et bien tu vas y réfléchir et tu me répondras demain, d'accord ?"

En termes de propositions de travail l'esprit doit être le même; tenter, toujours. Mon action prime certes, mais en amont, pas pendant l'action. Si je dois ré-intervenir à ce moment c'est qu'alors la séance/séquence n'a pas été correctement pensée et doit être reprise. Repenser à Freinet et au "service de la libération des hommes". Voir l'erreur et la laisser vivre, reconstruire une temporalité pour ne pas céder à ma pulsion d'efficacité mais faire naître le désir sur cet instant de blanc, d'incertitude.

Zen mon vieux, zen...

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